Sébastien Brun

Seb Brun

Résidence

Dates : du 29 avril au 2 mai 2024

Ecouter les anges (hurler), qu’en est-il du vide ?

En tant que musicien, j’ai passé de nombreuses années à remplir de manière volontaire. Trouver les notes, les rythmes, les harmonies. Puis naturellement, peut-être avec la maturité ou l’âge, j’ai travaillé sur la lenteur et les silences. Pas mal de synchronicités s’amoncèlent en ce moment autour d’un projet qui se présente droit devant moi depuis quelques temps. Cela serait grossier de ne pas le regarder dans les yeux.

J’ai eu l’occasion de travailler, pour des commandes de composition, dans des lieux résonants (silo à grains, usine, chapelle) en cherchant leurs fréquences de vibrations, les dispersions des bruits solidiens, les temps de réverbérations et ainsi d’écrire des pièces spécifiques à ces lieux, notamment pour la danse. J’y ai largement pris goût. Mais certaines dimensions me manquaient quand le lieu n’était que prétexte. Et il y a quelques mois j’ai eu un flash, que j’ai balbutié tant bien que mal en improvisant un pitch chaotique lors d’une rencontre professionnelle alors que je venais pour défendre un tout autre projet.

J’ai eu la chance de travailler avec des musiciens dits traditionnels (Afrique, Inde, Réunion…) et j’ai été confronté à pas mal de questions quant à ma tradition. J’ai bien retourné la chose et je suis arrivé à la notion de curiosité, d’accumulation, d’assimilation et de digestion des informations. Mais j’avais besoin d’expérimenter. J’ai repris à la base et me suis retrouvé d’un coup d’un seul dans des églises, des chapelles. Sans plus de mysticisme que ça, j’étais attiré par des lieux chargés d’Histoire, d’histoires, de croyances et d’intentions. Là où des choses avaient été déposées. Des usines désaffectées, des lieux de vie.. Mais quoiqu’il en soit, ce vide, cet invisible m’enthousiasme pleinement.

Je travaille sur une simple cymbale amplifiée interagissant librement avec ses moyens d’amplification, créant ainsi larsens et autres feedbacks. Des phénomènes vivants, permettant aux éléments extérieurs de s’y infiltrer. Ainsi est né Emplir. Un projet de recherche, un prétexte sonore pour visiter les sons de l’invisible.

Depuis j’ai eu la chance de pouvoir travailler sur les trompes du FaÏ dans les Hautes-Alpes, au Couvent de La Tourette, de Le Corbusier, près de Lyon et dans l’église Saint-André à Lyon.